Si certaines haciendas sont aujourd’hui abandonnées, d’autres ont survécu au lendemain de la réforme agraire, et ils sont devenu des hotels de luxe ou des musées.
Autrefois emblématiques de la richesse des grands propriétaires terriens du Mexique, plusieurs haciendas connaissent aujourd’hui une seconde vie en ouvrant leurs portes aux visiteurs qui sont alors transportés le temps d’une visite ou d’une nuit sur place, voire davantage, au cœur de l’histoire unique du passé colonial mexicain.
Texte : Christiane Goor
L’histoire des haciendas commence dès le 16ème siècle quand la Cour espagnole, désireuse de coloniser le territoire conquis, attribue à des soldats de haut rang pour les récompenser, des lopins de terre de quelques hectares avec leur lot de bestiaux et d’indigènes pour la main d’œuvre. Au fil du temps, les nouveaux propriétaires agrandissent leurs propriétés en acquérant les terres voisines et c’est ainsi que naissent les premières haciendas.
A l’époque, il n’y avait pas de bétail sur le continent américain. Au Mexique, on ne trouvait que des chiens et des dindons. Les conquistadors débarquent avec une véritable arche de Noé : des bœufs, des taureaux, des chèvres, des mules, des cochons, des moutons et des chevaux. Toute une faune domestiquée dont l’arrivée va bouleverser l’écologie et l’économie traditionnelles du pays.
Les premières haciendas se consacrent à l’élevage et à l’agriculture. Au fil des siècles, elles vont se diversifier et certaines se destinent même à encadrer l’extraction de l’or et de l’argent. Elles vont connaître leur apogée aux 18 et 19ème siècles. Comme chacune d’elles reflétait la puissance économique de son propriétaire, l’architecture, d’abord fonctionnelle à l’image des ranchs tels que les donne à connaître le cinéma étasunien, va subir d’importantes transformations d’embellissement dans un objectif avoué de manifester son opulence. Le propriétaire et sa famille vivent dans la casona, la luxueuse demeure principale dont les pièces donnent sur des patios ombragés où s’épanouissent des jardins luxuriants autour de fontaines. A l’extérieur, on trouve les logements modestes du personnel de confiance et plus loin encore les cabanons rudimentaires des peones, les ouvriers. De nombreuses annexes selon la destination des haciendas complètent l’ensemble : des écuries, des étables, des corrals, des salles de machine, une forge, une école, un magasin et même une chapelle privée. Pour décorer leur intérieur, certains propriétaires n’hésitent pas à importer du monde entier des meubles, des antiquités et des œuvres d’art.
La révolution mexicaine de 1910 va mettre à mal ce système semi-féodal qui usurpe les terres villageoises et maintient les ouvriers et le personnel dans une dépendance miséreuse tandis que les propriétaires affichent un luxe démesuré. Symboles de l’oppression paysanne, de nombreuses haciendas sont détruites, d’autres démantelées et les terres sont alors redistribuées, mettant fin ainsi à plus de 400 ans de grande puissance des hacendados, les propriétaires terriens.
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